« Sous le soleil de mes cheveux blonds » d’Agathe Ruga

92) Roman sur l’amitié (304pg) lu en 12h

Ce roman est pour moi une révélation. Celle d’un auteur au talent incontestable, qui a su me captiver de la première à la dernière page. En le refermant, je me suis interrogée sur la part de fiction et celle possible de vécu qu’il recouvrait. Agathe Ruga rend ses personnages Brune et Brigitte tellement tangibles et vivants, humains et imparfaits que le lecteur a l’impression qu’ils existent vraiment quelque part.

La narratrice, Brune, nous entraîne dans son récit. Enceinte de son 2ème enfant, la nuit, elle retrouve son amie de toujours dont l’absence lui pèse. Brigitte, à la fois solaire et cyclothymique, a disparu de sa vie du jour au lendemain sans donner d’explication après dix années d’amitié fusionnelle. Brune replonge dans les souvenirs du lycée, de sa rencontre avec Brigitte jusqu’à l’école de médecine où elles découvrent ensemble les plaisirs de la jeunesse et ses désillusions. Elles vivent des moments inoubliables, des premiers amours, des soirées entre filles, des fous rires, des « premières fois ». Elles partagent tout, même des vacances en Bretagne.

Brune tente de comprendre ce qui s’est joué pour faire le deuil de cette amitié perdue, qui lui était si chère.

Une épopée passionnante, qui nous parle de la Jeunesse qui s’autorise tout( on se croit éternel, Demain n’existe pas), où des jeunes filles deviennent femmes, d’amitié fusionnelle et de passion amoureuse. On revit ces moments de légèreté, d’euphorie où on se croit intouchable et où on brille de mille feux, sans limite, croquant la vie à pleines dents.

A. Ruga a su illustrer à la perfection la Jeunesse dans ce roman avec son lot de folie, de confiance et d’imprudence et l’amitié avec ses failles et ses plus beaux côtés. Les trahisons, les secrets aussi bien que les confessions que peuvent contenir une amitié. Le vide que la fin d’une amitié fusionnelle peut laisser. Elle évoque aussi avec brio l’éveil à la féminité, les premiers amours et comment la passion peut prendre le dessus sur la raison et la famille. Elle fait de sujets qui peuvent paraître classiques (le triangle amoureux, la quête d’amour, l’amitié, la jeunesse) quelque chose de fort dont on ne sort pas indemne. Elle transcende les sentiments humains et nous fait vivre une vraie relation d’amitié à travers Brune. On ressent sa joie, ses peurs, ses envies, son admiration, ses doutes, sa déception, son pardon après les trahisons, sa passion, son combat pour réussir malgré tout, ses rêves. Agatha Ruga réussit ça et plus encore. Elle manie la plume avec subtilité et analyse à la perfection les comportements humains nous livrant ainsi une histoire touchante, vibrante et incandescente. Vous le devinerez, j’ai été touchée profondément par elle.

La bande-son de France Gall accompagne le roman, chapitre après chapitre, en parfait adéquation avec le (con)texte ( « Poupée de cire », « Des gens bien élevés », Ella, elle l’a », « Ma déclaration« , « Viens je t’emmène »…) Un texte rythmé et un ravissement du début à la fin dont le lecteur ne voudra pas perdre une miette. Agathe Ruga est un auteur très prometteur et je vous le dis, courrez vite le lire!

« Viens, je t’emmène

Où illusion devient réalité

Viens, je t’emmène

derrière le miroir de l’autre côté… »

France GALL, 1997

(Deuxième partie, VIENS JE t’EMMENE, p.111 )

« Je n’suis qu’une poupée de cire
Qu’une poupée de son
Sous le soleil de mes cheveux blonds
Poupée de cire, poupée de son
Mais un jour je vivrai mes chansons
Poupée de cire, poupée de son
Sans craindre la chaleur des garçons
Poupée de cire, poupée de son ! »

SERGE GAINSBOURG
pour France Gall, 1965

« Tu n’es jamais revenue

ta voix tremble dans ma mémoire

comme la lune dans un seau d’eau. »

CHRISTIAN BOBIN


Mais je dois l’avouer
Je l’ai regretté depuis ce jour-là
Plus jamais ils n’ont téléphoné
Mais quelle idée de rester fâchés
Entre gens bien nés
Entre gens bien nés
Entre gens bien élevés !

HUBERT GIRAUD,

pour France Gall, 1969

(Première partie, DES GENS BIEN ÉLEVÉS)

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