« In tenebris » de Maxime Chattam

39) Thriller sanglant (608 pg) lu sur une semaine

« In tenebris« , publié en 2003, constitue le deuxième volet de « La trilogie du mal »(cf.photo ci-dessous) de Maxime Chattam publiée aux éditions Michel Lafon et Pocket. Joshua Brolin en est le personnage principal même si dans cette enquête, il est légèrement éclipsé par Annabel O’Donnel, notre personnage phare.

Nul besoin d’avoir lu le premier volet, « L’Âme du mal », pour lire « In Tenebris » et plonger dans cette enquête à corps perdu. J’ai été immergée des les premières pages. Maxime Chattam rivalise d’imagination pour nous surprendre mais ayez l’estomac bien accroché car si Joshua est spécialisé dans les tueurs en série, ici, Annabel et lui vont côtoyer l’Enfer.

Tout commence à New York, cette ville où se côtoient toute sorte d’individus, riches et pauvres, businessmen, traders, prostituées, femmes d’affaires affairées, dealers, sportifs, étudiants, hispaniques, noirs et WASP, musulmans et chrétiens, musiciens, drogués, solitaires et meneurs… brebis et brutes sanguinaires. Ville de toutes les folies et tous les possibles. Des dizaines de personnes y disparaissent chaque année dans des circonstances étranges et la plupart ne sont jamais retrouvées.

« Beaucoup de tueurs en série retournent les qualités de leurs victimes contres elles. Ce monde nous incite à devenir des paranos individualistes, par prudence…, railla Brolin avec cynisme. »

Janvier 2002, une jeune femme d’origine hispanique court à perdre haleine dans les rues de New York. Terrorisée et complètement nue. On la retrouve dans un parc traumatisée, incapable d’exprimer ce qu’elle a vécu. Appelée par son collègue, le lieutenant Jack Thayer, Annabel arrive sur les lieux et découvre que la victime a été scalpée et violée. On l’a aussi tatouée à l’épaule. D’où s’est-elle échappée? Qu’a-t-elle vécu?

« On pense souvent que les violeurs recherchent le plaisir sexuel dans l’acte alors qu’il s’agit en général d’une motivation secondaire. La plupart d’entre eux s’intéressent surtout à la maîtrise qu’ils exercent, à la terreur et à l’humiliation qu’ils inspirent à leur victime, c’est ce pouvoir-là qui les obsède. À de rares occasions, cela va jusqu’au meurtre. »

Annabel va prendre l’enquête en main, se sentant impliquée personnellement par son propre vécu (son mari Brady a mystérieusement disparu du jour au lendemain sans laissé de trace) et découvrir que l’on a administré de l’Ativan à Julia Claudio, la victime. Et en remontant cette piste, découvrir une série de clichés tous plus terrifiants les uns que les autres. Soixante-sept clichés de visages terrifiés, de victimes potentielles en vie ou déjà mortes quelque part laissant entrevoir une affaire dépassant l’entendement.

« Telle une araignée avec les multiples facettes de ses yeux noirs,
des regards insondables figèrent Brolin
L’abysse de leur terreur aspirait tout,
Il avalait goulûment l’imprudent qui se hasardait à les contempler »

Joshua Brolin, spécialiste des tueurs en série et ancien membre du FBI, va l’aider dans son enquête.

« Les flics sont les témoins quotidiens de la folie humaine, en cela ils sont terriblement seuls. Ces deux-là se comprenaient et cette idée les réchauffa. »

Un voyage aux portes de l’Enfer où elle va devoir côtoyer les ténèbres et tenter de ne pas perdre la raison malgré ce qu’elle va découvrir. Mais attention que le piège ne se renferme pas sur elle…

« La mort.
Exhibant ses dents blêmes et ses orbites creuses.

La mort, partout, surgissant à n’en plus finir par vagues insurmontables
Voilà ce qui les attendait
« 

« Leurs deux solitudes se touchaient maladroitement et, dans leur, dos, leurs ombres dansaient et dessinaient sur le sol comme si elles se prenaient par la main. »

P.593

Un excellent thriller, une écriture fluide, aucune longueur et des personnages sombres avec leurs imperfections qui fait aussi leur humanité, j’adhère complètement. Annabel affronte ses peurs et ses doutes, sort des sentiers battus pour déjouer le mal. Joshua Brolin, personnage très sombre par son histoire personnelle, n’est pas un super héros mais il n’hésite pas à se mettre en danger et à l’instinct et l’intelligence du détective affinée par des années d’expériences. Ensemble ils doivent résoudre une énigme et en tant que lecteur, on réfléchit à leurs côtés, on émet aussi des hypothèses. On assiste aux avancées cohérentes. Cet aspect est aussi appréciable. Ce n’est jamais cousu de fil blanc. Les indices ne sont jamais trop évidents. On avance pas à pas. Et le dénouement est à la hauteur de l’intrigue.

Caliban Dominus noster
In nobis vita
Quia caro in tenebris lucet

Si vous aimez frissonner, que les monstres ne vous effraient pas, inspirez profondément et plongez dans « In tenebris« .

« Il se tourna vers le lac, ce miroir terne du ciel, et se demanda si ça n’était pas là le véritable réflecteur du monde, qui faisait jaillir sur terre le gris du paradis. »

Maxime Chattam, photo Jean-François Robert in « polar.zone livre.fr »

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