« Les déviantes » de Capucine Delattre

68) Premier roman ( 26o pg) lu en 6 jours

Que ce roman « à réparer les vivants » était prometteur! La couverture avec son illustration vintage a fait son petit effet. Deux jeunes femmes remontées, apprêtées dans leur tailleur des années 30, armées de batte de base-ball et d’un vase, prêtes à en découdre. Féminines et combatives. Et le titre: « Les déviantes ». J’ai tout de suite pensé à des femmes qui refuse le chemin tout tracé, à rentrer dans les cases. J’étais emballée et impatiente de commencer la lecture.

Capucine Delattre nous parle de 4 femmes en découpant le livre en 4 chapitres inégaux: Anastasia et son cancer entre en scène en premier. Celui que j’ai préféré et aussi le chapitre le plus important. Puis suit Iris, son amie de toujours. Le troisième chapitre est consacrée à Lolita, la sœur cadette d’Ana. Et le roman s’achève sur la grand-mère paternelle. Une odyssée sur les femmes.

C’est écrit avec poésie mais aussi avec longueur et beaucoup de répétition même si l’auteur tourne différemment les phrases, cela finit par lasser. Au début, j’aimais bien le style. Je notais plusieurs citations bien tournées mais l’histoire elle-même, surtout à partir du deuxième chapitre a commencé à me lasser.

Voici quelques citations glanées au cours de ma lecture:

 » Quand elle était sortie, le monde était tristement banal. A lui arracher une larme de frustration. […]En toile de fond, un attentat sordide qui aurait fait retentir les ondes radio de ses calamités que l’univers soit ébranlé lui aussi, peu importe comment, que la souffrance s’aplanisse,que la justice karmique choisisse son moment pour s’appliquer, que sa pauvre histoire médicale puisse trouver un beau parallèle métaphorique avec l’état d’un monde brisé. »

(p.24-25)

« On naît seul, on crève seul, et vouloir s’abêtir dans la compagnie d’un prétendu partenaire entre-temps est une jolie et mièvre forme d’immaturité »

(p.38)

« Elle sait que les fantasmes sont le dernier rempart de l’humanité agissante »

« Qu’en s’accrochant à la possibilité du lien, au souvenir de ce que la vie pouvait être, on se maintient sans doute pas dans le wagon, mais au moins sur le toit du train de sa routine passée. »

(p.45)

« Mais l’avidité finissait toujours par avoir le dessus, et leur amitié cannibale reprenait son lent festin appliqué« 

« Aucune ne voulait être celle qui retirerait sa main du feu.

Alors le duel reprenait. »

(p.53)

« On fait toujours confiance aux belles personnes.

C’est aussi débile qu’instinctif.

Quand on présente vraiment bien, qu’on en impose, qu’on envoûte par un simple sourire, il faut y aller pour perdre la sympathie de l’autre. »

« Il suffit d’une harmonie, un air de pleine santé, d’un amour-propre mesuré, comme un label de normalité garantissant sa qualité interne. »

(p.60)

« Les yeux gardent peut-être leur déguisement d’enfance , mais ils désapprennent leurs émerveillements, leurs raccourcis et leurs fantasmes.

Sous le poids des déceptions, ils se voilent de restrictions.

Ils s’aliènent.

Se méprennent.

Se fourvoient.

Et leurs hôtes avec. »

(p.104)
(p.133)
(p.134)
(p.136)
(p.137)
(p.160)
(p.161)

« Sa bague.

C’est sa pénitence, sa marque, son signe d’asservissement, son âme vendue au diable. « 

(p.160)

« C’est le corset miniature enserré autour de ses rêves de sauvagerie et de spontanéité. « 

(p.161)
(p.202)
(p.202)
(p.257)

J’ai trouvé ça plat, terriblement ennuyeux et dénué d’intérêt. Grégoire est décrit – le compagnon idyllique et mal aimé d’Iris – mais il n’existe pas vraiment aux yeux du lecteur. Cela manque de dialogues pour le rendre tangible. J’ai trouvé le personnage d’Iris barbant. Elle se questionne beaucoup et ça tourne en rond. Ses questionnement n’ont pas fait écho en moi. Une femme qui a tout et s’interroge sur ses choix à venir, si elle doit rester avec son compagnon parfait qui la traite comme une princesse (tout le monde les envie) ou pas car elle a soif d’autre chose, si elle doit faire ou non des enfants. Dans les deux cas, il y aura des regrets et le développement de ses réflexions est conséquent! Tout ce à quoi elle devra renoncer, la part d’elle-même qu’elle abandonnera si elle en a et les sacrifice à faire et aussi ce qu’elle n’accomplira pas si elle n’en a pas. Car lui en veut mais seulement si elle le souhaite aussi. Et le regard des proches, de l’entourage si elle le quittait. Enfin j’ai pas adhéré à ses prises de tête même si c’est une réalité mais cela n’apporte absolument rien au roman et pas besoin d’en parler sur des pages et des pages! Ce n’est pas nouveau que les femmes doivent faire des sacrifices en devenant mère ni qu’en ne le devenant pas, elle passent aussi à côté de quelque chose. le troisième chapitre sur la douce et appliquée Lolita, qui réussit brillamment à l’école comme Anastasia, est consacré à sa rébellion face à un avenir tout tracé. Elle est promise à un avenir brillant et doit rentrer dans une grande école mais souhaite voyager, prendre une année sabbatique après son baccalauréat. Pour se trouver elle-même. Ses parents prêt à dépenser pour ses études ne sont pas compréhensifs devant ses désirs de liberté. L’idée n’est pas mauvaise en soi mais la façon dont elle est traitée est vraiment fade. Là encore, je me suis ennuyée.

Un roman qui commence bien mais qui, malgré un certain talent pour écrire, manque d’intérêt. A éviter selon moi.

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