« Frangines » d’Adèle Bréau

67) Fratrie (336pg) lu sur 2 jours

La couverture affiche « Prix des lecteurs -sélection 2021 » et un :  » « Lu et dévoré! » ELLE ». J’étais en vacances, j’avais justement dévoré un livre sur la route reliant le Morbihan à la Vendée. Ma mère m’a proposé ce livre sans vouloir s’étendre sur ce qu’elle en avait pensé. J’ai compris après. Déçue, elle aussi, par ce roman facile.

Que la vie , ça tenait à ces choix minuscules qui pouvaient tout changer. Qu’il ne fallait pas se laisser enfermer dans la colère, l’entêtement, le doute. Parce qu’on n’a qu’une vie, et qu’on est finalement seuls à l’écrire. « 

P.309

« Frangines » comme son titre l’indique, sans surprise, parle de sœurs. Trois pour être précise. Deux vivent à Paris l’essentiel de leur vie et la petite dernière a choisi de vivre en Provence, à Saint-Remy, près de sa mère, Jeanne, seule depuis que leur père a abandonné le foyer. Elles sont aussi différentes que possible autant dans leur caractère que physiquement. L’ainée, Mathilde, est la jolie blonde aux yeux bleus (très cliché), mince et svelte, toujours tirée à quatre épingles, qui tient à tout maîtriser, dominatrice, un brin stressante pour son entourage, qui a réussi financièrement et a fait un beau mariage, heureux. Deux enfants. Une fille et un garçon. La seconde, Violette, est une ronde pulpeuse, à la chevelure rousse, qui a longtemps était éclipsée par la beauté de sa sœur mais dont l’intelligence et les résultats scolaires compensaient pourtant largement. Puis son corps s’est métamorphosé à l’adolescence et elle a enfin plu aux garçons. Mais comme on l’apprendra, une mauvaise expérience, fait qu’elle manque de confiance en elle et en la vie. Violette est donc divorcée et a une fille. La benjamine, comme la brebis galeuse, ne s’est jamais mariée. Une jolie jeune femme brune avec une frange, qui lui vaut le surnom de Milou. Un visage recouvert de tâches de rousseur. Enfant, elle a toujours admiré ses sœurs. Louise est infirmière, elle s’occupe des autres et de sa mère. Elle a souvent droit à des remarques lors de leurs retrouvailles. Des moments qu’elle apprécie autant qu’elle appréhende. Chaque été, depuis l’enfance, elles se retrouvent à La Garrigue, une vieille bâtisse que leurs parents avaient acheté à Saint-Remy-de-Provence sur un coup de cœur. C’est elle qui doit faire les allers et retours pour les chercher à la gare, gérer les emplois du temps de chacune et en plus de son travail.

« Rien ne change en fin de compte. On croit devenir adulte mais à part le corps et les soucis, on reste les mêmes qu’il y a trente ans. »

Cet été sera particulier, le premier depuis le départ de Yves, ce drame, qui les a toutes dévastées et en particulier leur mère. Personne ne s’y attendait. Mais il y a d’autres changements, Violette a un petit ami qu’elle voudrait leur présenter. Cela va-t-il matcher avec le mari de Mathilde? Et avec les frangines? Et on s’aperçoit que chacune, en plus de leur sacré caractère, garde pour elle certaines révélations jusqu’à ce qu’elles soient enfin dites au grand jour. Cette maison de vacances est la gardienne des secrets de plusieurs générations mais peut-elle les protéger infiniment? Un jour, la vérité doit être dite et cela ne se fait pas sans maux.

« Elle tape sur le volant et elle gueule. Sur ces mensonges, ces secrets, ces petits arrangements avec la réalité. Sur ces repas de famille, ces coups de fil censément complices, ces anniversaires, ces vacances où tout le monde vient avec son masque, son beau sourire, ses petites conversations légères avant de repartir vers la réalité d’une existence que les autres ne connaîtront sans doute jamais. »

P. 249-250

Ce que je n’ai pas aimé

Des personnages clichés, beaucoup trop caricaturaux. Le roman est cousu de fil blanc. Le drame n’est pas dit au départ mais on devine comme le reste. Sans surprise! Et les rares éléments qu’on ignore, sont tellement fait pour éveiller l’émotion, c’est d’un niais! Je n’ai pas été émue un seul instant. Cela manque de finesse dans l’écriture. L’auteur a cherché à mettre différents ingrédients pour éveiller l’émotion et ça marche pour certains lecteurs, tant mieux pour eux. Et la fin, c’est tellement nullisime! Désolée, mais là, c’est vraiment le happy end à l’américaine too much pour moi. J’aime quand ça finit bien mais là, elle se fout légèrement du monde. Sans vous révéler l’intrigue, un gars très amoureux a été éconduit brutalement et il reste cool et proche de la sœur malgré tout… Enfin je peux pas vous donner tous les éléments mais si vous le lisiez, vous comprendriez, ce n’est juste pas crédible! Ou encore, les sales coups qui leur tombent dessus, la façon dont ils retournent ça… C’est le monde des bisounours… Ou la vie de Louise, les révélations déjà, ça fait vraiment: « je cherche à être dans l’air du temps » côté auteur et dans l’évolution du roman, on le sent à dix kilomètres, aucune surprise. Aujourd’hui, c’est ça, justement, qui devient cliché. Et surtout la façon dont Adèle Bréau l’a traité (oui, je sais, c’est assez flou pour vous mais je ne peux pas vous dire quoi…), d’autres auteurs en parlent tellement mieux. Après la grand-mère, qui est complice avec sa peut-fille, pourquoi pas? Mais pareil, la façon dont c’est traité, sans profondeur. Ces termes pourraient résumer ce livre: superficiel, cousu de fil blanc, sans finesse, caricatural.

Ce que j’ai aimé

Cela m’a rappelé le sud, les cigales vaguement. L’auteur évoque Avignon (là où j’ai grandi), les siestes en été quand la chaleur est étouffante à l’extérieur dans ces vieilles bâtisses sans la clim et les villages provençaux emplis de touristes, qui se vident une fois la saison estivale terminée.

Vous l’avez compris, je n’ai pas été conquise, loin de là. Des choix faciles pour l’auteur en vue de susciter des émotions, aucun style, aucune originalité. Des caricatures, qui ne m’ont pas émue ni surprise. Un livre fourre-tout et vraiment moyen.

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